Je bande donc je suis
Je bande donc que je suis est un de ces romans qui marque son époque. Paru en 1999, récit d'une décennie, il se place d'emblée dans la texture même des années 90, tant il évoque l'urgence, la quête individuelle de sens et la fragmentation du réel.
Dans Je bande donc je suis, c'est donc le sexe qui est mis en avant, avec ostentation, par l'auteur et par son double, BerlinTintin. Mais s'agit-il vraiment d'un roman sur « la manière dont les pédés baisent entre eux ? » Assurément oui, de prime abord, mais très vite le lecteur se rend compte que le propos n'est pas si simple ou du moins ne peut se réduire à la scrupuleuse comptabilité des mille et une façons dont un jeune gay aujourd'hui peut user et abuser de son corps.L'auteur sait aussi qu'il ne fera pas l'économie de devoir se justifier sur la manière dont son héros aborde la sexualité au temps du sida. On le traitera d'irresponsable pour avoir mis en avant un personnage séropositif qui non seulement a des relations sexuelles non protégées mais revendique même le désir du sexe sans précaution, en toute connaissance de ses conséquences.
Par-delà la mise en avant d'un certain mode de vie, l'auteur nous invite à partager une recherche exigeante, celle de la connaissance de soi. Sans doute influencé par sa formation initiale en psychologie et en philosophie, Érik Rémès ne borne cependant pas ce voyage aux seules limites du « Moi ». La quête existentielle de BerlinTintin s'accomplit essentiellement dans la rencontre des autres, conviant ainsi également le lecteur à se joindre pleinement à ce très beau périple.